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Portrait de Paul Éluard

Paul Éluard

C'est l'infortune de la poésie que ceux-là mêmes qui la prennent au sérieux ne la prennent jamais tout à fait au sérieux. Ils lui accordent, sans doute, qu'il faut être fou un instant. Mais ils n'acceptent pas d'être eux-mêmes assez longtemps fous pour devenir ensuite tranquillement sages.
Les savants admettent des événements aussi bizarres que la variation des formes (par exemple). Puis, ils cherchent avec patience comment les pieds du cheval ont dû changer, ou les yeux de la carpe. Mais les critiques, lorsqu'ils ont une fois soupçonné qu'il est donné aux poètes de lire l'avenir, sont ravis de leur audace. S'en tiennent là. Attendant vaguement que les poètes leur soient reconnaissants du cadeau.
Or c'est ici que tout devrait commencer au contraire, et les poètes sont ingrats : ils ont bien raison.

Ceux que groupait Dada dès 1920, plus tard le surréalisme, n'avaient pas une idée commune ; pas une émotion. Leur doctrine était vague (mais ils ont heureusement ignoré leur doctrine). Leur science du monde n'était pas neuve (mais ils n'ont tenu aucun compte de leur science du monde). Pourtant, leur conduite était évidente, leurs décisions simples. De toute nécessité, ils savaient à quoi s'en tenir. Tant de désespoir au lendemain d'une victoire, tant d'oublis mais d'ardeur, tant de tabous, d'ordres et de mots d'ordre, jusqu'en amour l'organisation méthodique des Compagnons-du-Désastre, ne laissent pas de doute. Ce qu'ils voyaient, chacun l'a vu vingt ans plus tard.

Paul Eluard a conservé la patience éclatante que nous lui connaissions. Une entreprise ruineuse, qui ronge autour de la poésie tout ce qui fut la poésie, perd auprès de lui ses terreurs, puisqu'il ne redoute ni le récit et la fable, ni l'énigme et le proverbe, ni la partie grise et le vers doré. Ni même, je le dirai, l'éloquence.
On a pu le juger mièvre : c'est qu'il éprouve les influences subtiles. Grandiloquent : il tolère les malheurs colossaux. Incertain : c'est qu'il tremble de voir à quel point la vue que chacun, vous ou moi, a le droit de prendre du monde nous est devenue impossible. Mais il porte la patience jusqu'à lui rendre ses chances. Il n'a jamais été trop vaincu.
Naturel comme la confiance, sans doute méritait-il de garder le don. Je ne puis le lire sans le croire.

Dès qu'il ouvre les yeux, la lumière parait neuve. Quels mots bien posés, quelles lèvres fraîches ! Même, une patience éclatante ne désespère pas de transformer l'énigme, le proverbe, et jusqu'aux vers dorés :

Le cœur à ce qu'elle chante
Elle fait fondre la neige
La nourrice des oiseaux.

Je ne sais, nul ne saura jamais, si le poète a mené à bien, dans sa maturité, l'opération secrète qui le conduisait vers ce point de la conscience où la réflexion ni même l'intuition ne peuvent atteindre. Alors, j'entre dans ce curieux domaine sans limites où nul écrivain ne s'était encore introduit. La poésie d'Eluard est, comme la nuit, sans rivale.

1942, 1950, in Œuvres Complètes, Tchou.


Ressources

Site officiel de Paul Éluard

Images de Paul Éluard

"Liberté", dit par l'auteur - vidéo

Portrait souvenir, 1964 - vidéo

Max-Pol Fouchet évoque Paul Éluard, 1958 - ORTF

Un siècle d'écrivains, Paul Éluard - vidéo

Paul Éluard - FranceArchives

Ressources Paul Éluard - site André Breton


Correspondance : Paul Éluard & Jean Paulhan, 1919-1944


Voir aussi, de Jean Paulhan :


Texte de Paul Éluard sur Jean Paulhan :


Mention de Paul Éluard dans des textes sur Jean Paulhan :


Bibliographie des textes parus dans la NRF

Les textes qui suivent, publiés dans La Nouvelle Revue Française, sont regroupés en quatre grands ensembles, les textes de Paul Éluard, les notes et chroniques de l'auteur, les textes sur l'auteur et enfin, s'ils existent, les textes traduits par l'auteur.

Textes de Paul Éluard

  1. Les Gertrude Hoffmann Girls – Première du monde – Absences, 1925-10-01
  2. Poèmes, 1937-04-01
  3. Après moi le sommeil, 1937-10-01
  4. Poèmes, 1938-05-01
  5. Pour vivre ici, 1939-11-01
  6. Blason des Fleurs et des Fruits, 1941-02-01
  7. Deux poèmes, 1960-05-01

Notes de Paul Éluard

Ces textes de Paul Éluard peuvent être des notes de lecture d'ouvrages, des notes d'humeur, des critiques de spectacles, des faits-divers, des textes inédits... Ils ont paru dans une "rubrique" de la NRf : Chronique des romans, L'air du mois, Le temps comme il passe , etc. ou dans un numéro d'hommage.

  1. Pour vivre ici, 1920-09-01, Haï-kaïs
  2. Confections, 1930-02-01, Revue des revues

Textes sur Paul Éluard

Ces textes peuvent être des études thématiques sur l'auteur, des correspondances, des notes de lecture d'ouvrages de l'auteur ou sur l'auteur, des entretiens menés par lui, ou des ouvrages édités par lui.

  1. Répétitions, par Paul Éluard (Librairie Six), par Odilon-Jean Périer, 1923-02-01, Notes : la poésie
  2. Mourir de ne pas mourir, par Paul Éluard (Éditions de la Nouvelle Revue Française), par Odilon-Jean Périer, 1924-11-01, Notes : la poésie
  3. Au défaut du silence, [par Paul Éluard], par Jean Cassou, 1925-08-01, Notes : la poésie
  4. Capitale de la douleur, par Paul Éluard (Éditions de la N. R. F.), par Gabriel Bounoure, 1928-07-01, Notes : la poésie
  5. Défense de savoir, par Paul Éluard (Éditions Surréalistes), par Gabriel Bounoure, 1928-07-01, Notes : la poésie
  6. Les dessous d'une vie ou La pyramide humaine, par Paul Éluard (Éditions des Cahiers du Sud), par Gabriel Bounoure, 1928-07-01, Notes : la poésie
  7. L'Amour, la Poésie, par Paul Éluard (Éditions de la N. R. F.), par Jean Prévost, 1929-08-01, Notes : la poésie
  8. Histoire de Dada : lettres de Louis Aragon, Giuseppe Ungaretti, Paul Éluard, Tristan Tzara et Georges Ribemont-Dessaignes, par Collectifs, 1931-08-01, Notes et discussions
  9. À toute épreuve, par Paul Éluard (Éditions surréalistes), par Gabriel Bounoure, 1931-12-01, Notes : la poésie
  10. La Rose publique, par Paul Éluard (Éditions de la N. R. F.), par A. Rolland de Renéville, 1935-02-01, Notes : la poésie
  11. Les Yeux fertiles, par Paul Éluard (Éditions G. L. M.), par A. Rolland de Renéville, 1937-02-01, Notes : la poésie
  12. Chanson complète, par Paul Éluard (Éditions de la N. R. F.), par Armand Petitjean, 1939-09-01, Notes : littérature
  13. Le Livre ouvert, par Paul Éluard (Éditions Cahiers d'Art), par Fieschi, 1941-01-01, Notes : poésie
  14. Paul Éluard tel qu'en lui-même enfin..., par Maurice Chapelan, 1942-08-01, Notes : poésie
  15. Paul Éluard, par Henri Thomas, 1953-01-01, Notes : la poésie
  16. Paul Éluard, par Georges Lambrichs, 1953-02-01, Notes : les revues, les jounaux
  17. Paul Éluard, par Jean Guérin, 1953-10-02, Les revues, les journaux
  18. Le dur désir de durer, par Paul Éluard (Seghers), par Philippe Jaccottet, 1960-12-01, Notes : la poésie
  19. Le Temps déborde, par Paul Éluard (Seghers), par Philippe Jaccottet, 1960-12-01, Notes : la poésie
  20. Paul Éluard par lui-même, par Raymond Jean (Le Seuil), par Pierre Chappuis, 1968-12-01, Lu et vu

Répartition temporelle des textes parus dans la NRf (1908—1968)

On trouvera représenté ici la répartition des textes dans le temps, réunis dans les quatre catégories précédemment définies : Textes, Notes, Traductions, Textes sur la personne.


Bibliographie des textes parus dans la revue Mesures

Les textes qui suivent, publiés dans la revue Mesures, sont regroupés en deux ensembles, les textes de Paul Éluard et les textes traduits par l'auteur.

Textes de Paul Éluard

  1. L’Entente, 15 avril 1935 [206 p.]
  2. Sans Âge, 15 janvier 1937 [188 p.]
  3. Poèmes, 15 juillet 1938 [188 p.]
  4. Juste milieu, 15 janvier 1939 [160 p.]
  5. Fleur d’obéissance, 15 avril 1940 [174 p.]