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une couverture de la revue Proverbe

Éluard, Paulhan, autour de Proverbe

Jean PaulhanPaul Éluard

[Extraits de Paul Éluard & Jean Paulhan, Correspondance 1919-1944, Éditions Claire Paulhan 2003]

6 janvier 1920

Jean Paulhan,

PROVERBE paraîtra le 1er février.
Je ne me croirais plus autorisé à vous demander votre collaboration si vous ne le l'aviez promise.
Mon cher ami, je voudrais, à la fin, qui est proche, un oui ou un non.

Et puis je ferai ce qui me semblera bien
ou bon.

(...)

*
*     *

16 janvier 1920

Jean Paulhan,

Vous me pardonnerez ma lettre un peu brutale de l'autre jour, mais je ne voulais pas trop vous surprendre. Si vous ne m'aviez rien envoyé, j'aurais publié, incomplète, votre note pour mes exemples.
Mais, mon cher ami, maintenant, je ne puis que vous répéter que je suis content — et aussi comme directeur — je tiens quelque chose de parfait et PROVERBE du 1er Février, le N° 1 de PROVERBE, le numéro parfait, fait concurrence à la N.R.F du 1er février.
(...) Albert Uriet acceptera-t-il de collaborer au n° 2, par une très courte chose ? 10 lignes au plus, sur une moitié de page. 4 pages m'obligent à recommander la brièveté à mes collaborateurs. Paul Valéry m'a refusé son appui, très gentiment — et en se réservant pour l'avenir.
Le n° 1 me plaît beaucoup. Ce qu'on m'a donné me semble meilleur que tout le reste.
Je tiens à vous laisser la surprise de ce début. Vous lirez attentivement tout.
(...)
J'espère avoir beaucoup d'abonnés parmi les gens de votre rang, puisque c'est PROVERBE.
Il me faut une ligne de réclame sur mes bulletins d'abonnement.
Je n'ai encore trouvé aucune définition qui me satisfasse.
Si vous ne connaissez rien, je me résignerai et purement et simplement PROVERBE, feuille mensuelle, sera "la première, la seul revue parfaite".
(...)

*
*     *

18 janvier 1920

Je vous donnerai des bulletins d'abonnement à Proverbe, feuille mensuelle POUR LA JUSTIFICATION DES MOTS.

*
*     *

[tout début février 1920, avant le 5]

Jean Paulhan,

Merci de votre lettre et de cette annonce que j'aime beaucoup pour PROVERBE — beaucoup, car cela changera du 1er numéro, trop court, trop monotone.
(...)
Viendrez-vous à la Matinée Dada aux Indépendants jeudi prochain ?
(...)
N° 2 : j'ai redemandé à Valéry, à Reverdy qui me demande de participer à une matinée, toujours aux indépendants.
Et moi, et Picabia pour cette phrase, j'espère : "Je n'ai jamais réussi qu'à mettre de l'eau dans mon eau" — Pourrez-vous me donner encore un texte pour les annonces, pour ceci : par exemple :
"cette phrase de Forain, qu'on pourrait donner comme conseil à quelques jeunes d'avant-garde : Il faut violer les règles, mais pour les violer, il faut les connaître" L'Intransigeant.

Aux annonces, cette autre annonce orientale : (Goha le Simple)
"Le monde est grand, les uns sont gros et les autres sont maigres".

Ou encore, pour rire : Aux flancs du couteau.. vous avouâtes, etc.
(...)
Mais Proverbe est entièrement pour vous

*
*     *

mardi [février 1920]

[Jean Paulhan à Paul Éluard]

ne me faites pas trop attendre votre avis sur La Guérison sévère, je vous prie. Il me manque.

les DANCINGS sont un prétexte

naturellement toutes ces annonces (si vous les publiez) sans signature, ni initiales.
Je suis heureux que Gala soit revenue. Et tout à fait forte ?
Il y a un Valéry dans les Marges.
Votre ami,

Jean P.

les PRETEXTES sont un dancing

(...)

*
*     *

vendredi [20 février 1920]

[Paul Éluard à Jean Paulhan]

(...) Je ne continuerai pas PROVERBE si vous vous obstinez à ne pas vouloir signer ou si vous ne me donnez rien pour les prochains n°.
Dans le fond, j'aime beaucoup que vous ne signiez pas ces petites choses. (...)

*
*     *

mardi [février 1920]

[Jean Paulhan à Paul Éluard]

M'aimez-vous, j'aime mieux que ce soit malgré que pour. Si vous veniez le chercher mercredi — nous irions ensemble au café de Littérature (pourquoi : "ou anti-littérature ?" ça y était déjà).
(...) Voulez-vous de :

l'auto, la pratique des jalons et ces mots anglais
qui sont peut-être de gros mots, j'ai toujours vu
que tout se passait comme si.

On m'a dit deux ou trois fois qu'on s'abonnerait à Proverbe.

*
*     *

ven[dredi début 1920 ? avant mai]

[Jean Paulhan à Paul Éluard]

(...) Pourquoi ne faites-vous pas, de Proverbe, un n° spécial anonyme. Cela irait tout à fait au titre.(...)

*
*     *

[avant mai 1920]

[Jean Paulhan à Paul Éluard]

mais tout à fait sérieusement, n'est-ce pas : il est entendu que vous ne mettez mon nom dans Proverbe que si je vous le demande — c'est à dire si ça en vaut la peine. Est-ce que je ne puis pas avoir cette confiance en vous ?

Proverbe
Je me demande un peu : "Qui trompe-t-on ici ?"
Ah
Je me trompe un peu — "Qui DEMANDE-T-ON ici ?"

[Textes destinés à Proverbe]

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle casse
Tant va la cruche à l'eau qu'elle casse
Tant la cruche qu'elle casse
Tant qu'elle casse
Tant

*

Qui connaît de longues guerres au fond ? C'est toi, c'est moi. Fagots de bois mort et de bois vert, la flamme n'y est pas à son aise.

*

Si j'y reviens, je les quitte. Si je les quitte, je veux revenir. C'est comme une jeune fille qui a les seins trop grands.

*

Le poète qui vient d'écrire un beau vers se regarde avec la même honte qu'une jeune femme en deuil qui se lève à sa station, dans le Nord-Sud, avec trop de vivacité.

*

Parle, parle. Je suis comme le pain qui ne peut cacher sa croûte.

*

Non je ne veux pas la poupée de bois seule, ni la fleur. C'est comme quand l'âne donne un coup de pied : tous les deux.

[Texte destiné à Proverbe]

X, ou le silence méprisant

Madame Rachilde a écrit sur Dada un article. Elle démontre qu'il ne faut pas écrire d'article sur Dada.
Monsieur Georges Courteline a parlé de Dada pendant une heure à Comoedia. Il a dit qu'il ne fallait pas parler de Dada.
Monsieur Fernand Divoire ne cite jamais Dada. Il dit : le parti "cheval d'enfant".

S'IL FAUT PARLER DE DADA IL FAUT PARLER DE DADA
ET S'IL NE FAUT PAS PARLER DE DADA IL FAUT ENCORE PARLER DE DADA