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Portrait de Paul Éluard

Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, note liminaire

Jean PaulhanPaul Éluard

L'erreur singulière de Victor Hugo, de Stéphane Mallarmé et de Madame Mathieu de Noailles nous peut donner à penser, plus loin, que les mots, loin qu'ils portent goût, odeur ou musique, le sens même ne leur est pas une qualité tellement assurée qu'ils ne s'en défassent aussitôt que l'écrivain les néglige, ou les accueille dans la brutalité d'esprit convenable, ou bien encore se refuse à tenir compte de leurs veines, de leur fil & de leur résistance particulière. Pour les proverbes, exemples et tous mots marqués à jamais d'une première trouvaille, combien ce vide autour d'eux les fait plus absurdes et purs, pareillement difficiles à maintenir, à inventer. J'aime que Paul Éluard les reçoive tels, ou les recherche. Ensuite commencent ses poèmes.

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[Texte sans titre, ("la note sur Exemples, selon Éluard"). En tête de Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, précédé d'Exemples (Au Sans Pareil, 1921), repris dans Éluard, OC I, p.55]
(Annexe III de la Correspondance P. Éluard & J. Paulhan, p. 196, Éditions Claire Paulhan).