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couverture du Journal de Psychologie normale et pathologique

Mesure de l'attention des faibles d’esprit, par F. Consoni, 1904

Jean Paulhan

Compte-rendu de lecture paru dans le Journal de Psychologie normale et pathologique, Tome I, 1904, p. 97-98.   Voir l'original dans Gallica

in : III. Etudes cliniques sur les dégénérescences mentales
(69) — Mesure de l’attention des faibles d’esprit, par F. Consoni (Rome). Archives de Psychologie, t. II, fasc. III, n° 7, juin 1903 (42 p.).

I. L'Attention et sa mesure. — On a confondu, sous le nom d'attention, deux choses bien différentes : 1° le facteur central de la perception où l'intensité de l'excitant joue le principal rôle ; et 2° la persistance dans le temps d'un état de concentration sur un objet unique, persistance qui semble surtout dépendre de la tonalité effective concomitante. L'auteur se propose, pour lui, de considérer l'attention, en prenant le mot dans le sens le plus large, comme la base même de la conscience, la condition qui seule rend possible le passage du physiologique au psychologique. Il y aura lieu, d'ailleurs, d'établir ici une distinction bien nette entre l'attention statique et l'attention dynamique.

L'attention statique consiste dans le fait de la persistance du mécanisme attentionnel. Ce mécanisme est, dans ce cas, déterminé par un groupe d'excitations formant un complexus unique et agissant sur une même zone du cerveau. Ce sera ainsi à cette première forme que se rapporteront la plupart des observations faites sur les caractères physiques de l'attention.

L'attention dynamique consistera, elle, dans une série d'actes d'attention assez rapprochés, nettement distincts, et dus à des excitants de nature variée, intéressant des zones de projection différentes. Dans l'un et l'autre cas ce sont, semble-t-il, des états affectifs plus ou moins complexes qui déterminent la formation du mécanisme attentionnel. La mesure de l'attention, tant statique que dynamique pourra donc nous renseigner encore sur la nature et le degré d'organisation des sentiments chez le sujet observé.

II. Les expériences. — Les expériences ont porté parallèlement sur quinze enfants, dont onze phrénasthéniques et quatre normaux, tous de même âge et de même condition sociale. Les premières observations faites au moyen de la méthode esthésiométrique consistaient à établir le sens du lieu propre à chaque sujet. Elles durèrent vingt jours. Puis les expériences portèrent uniquement sur l'attention et ses qualités, qui étaient :

1° Pour l'attention statique : la rapidité, la constance, la ténacité.

2° Pour l'attention dynamique, la rapidité et l'étendue.

III. Conclusions. — Les résultats des expériences longuement consignés dans sept graphiques et quelques tableaux, amènent l'auteur à formuler treize conclusions dont voici, semble-t-il, les principales :

  1. Il y a des rapports précis entre la capacité des divers individus pour l'attention dynamique et certaines qualités de leur attention statique.
  2. Il existe une correspondance incontestable entre la façon dont se comportent l'attention naturelle et l'attention conative.
  3. Le degré de capacité générale de l'attention est, chez les phrénasthéniques, en raison directe de leur degré d'émotivité et de leur pouvoir d'inhibition.
  4. Il y a relation directe entre ce degré de capacité et le degré de phrénasthénie : les phrénasthéniques peuvent donc se classer suivant leur degré d'attention.
  5. Chez les enfants normaux, la capacité d'attention dynamique conative est plus développée et souvent elle se montre étendue.

Ce travail est suivi d'une bibliographie.

J. PAULHAN.