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« Là où est le pouvoir, les mots passent invisibles » : le pacte de lecture de Jean Paulhan

Laurence Côté-Fournier

Bien qu’il ait été rédigé et publié dans une époque de bouleversements sans précédent en France, Les Fleurs de Tarbes, dont la version finale est parue en 1941, ne confère pas a priori une grande importance aux questions politiques. Ceci ne doit guère surprendre : Paulhan a souvent réitéré son peu de goût pour celles-ci, en particulier dans le contexte hautement polarisé de l’entre-deux-guerres et de la Deuxième Guerre mondiale, favorable aux prises de parti radicales et aux oppositions tranchées. Il a d’ailleurs multiplié les déclarations quelque peu désinvoltes ou polémiques au sujet de ses propres positions, comme si celles-ci n’avaient guère de poids, affirmant dans une lettre à Jean Grenier, en 1939, qu’il était « décidé à laisser la politique aux techniciens ». Néanmoins, certains passages des Fleurs de Tarbes passent insensiblement de préoccupations littéraires à des préoccupations politiques et permettent de réfléchir au pouvoir de la rhétorique et à la liberté du lecteur qu’elle met en jeu à travers les procédés qu’elle emploie. Il appert que la réflexion de Paulhan sur la rhétorique ne s’éloigne jamais vraiment des questions herméneutiques, comme si elle les incluait d’emblée — la rhétorique est après tout un art qui accorde une place fondamentale aux particularités de l’auditoire pour atteindre sa pleine puissance. Cet ouvrage sibyllin convoque autant la figure de l’écrivain que celle du critique, autant le créateur que le lecteur, pour réfléchir à la division du monde des Lettres entre Terroristes et Rhétoriqueurs, opposition centrale de l’ouvrage (..).

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