Notes et articles
Jean Guéhenno26 septembre 1941
Ce don délicieux qu’il a d’alléger la vie autour de lui […]. Comme il m’aura aidé à vivre dans cette prison.
Journal des années noires, Gallimard, (1947), Folio 2014.
2 février 1963
Je ne vois guère d’écrivains français plus préoccupés que Paulhan par le problème d’écrire et qui le portent plus haut.
Le Figaro littéraire.
30 mai 1969
Il aimait éprouver les gens, mesurer tout ce qu’ils pouvaient être, vers le haut ou vers le bas. On a vu cela durant l’Occupation. […]
Je ne pense pas, pour moi, avoir connu un seul [être] plus divers, plus inattendu, qui m’ait aussi continuellement surpris et ainsi plus souvent fait sentir le charme de la vie. On ne peut guère avoir plus grande dette. Nos vrais maîtres sont ceux qui savent et aiment vivre.
« Un esprit insaisissable », Le Figaro.
26 juin 1973
Si la Nouvelle Revue Française a été une si grande chose dans ces années trente, quarante, c’est bien sûr dû à la présence dans cette revue d’hommes comme Gide, Claudel, Valéry, bien sûr, mais c’est dû aussi à cette direction si merveilleusement intelligente, et si merveilleusement curieuse, qu’était celle de Paulhan. […]
Je ne crois pas avoir eu beaucoup d’idées communes, ni littérairement, ni politiquement, avec Jean Paulhan. Nous étions d’autant plus amis. […] Paulhan était, comme Gide, davantage intéressé par les différences et moi davantage par les ressemblances. Il aimait mieux Dostoïevsky que Tolstoï, et j’aimais mieux… et j’aime mieux Tolstoï que Dostoïevsky. Ça fixe des goûts, des familles d’esprit. […]
Ce qu’il y avait d’admirable dans Paulhan, c’était précisément une profonde, une profonde humanité, un goût admirable du talent dans les hommes, de la vérité, de l’authenticité. […]
« L’aventurier de la sagesse : Jean Paulhan », ORTF.