
Périodiques
Article paru dans Le Spectateur, tome premier, n° 8, décembre 1909.
REVUE DES IDEES 15 septembre 1909) (suite). - Nous n'avions pas osé, dans nos Notes du n° 5, reprocher à l'anti-pragmatiste qu'est M. Schinz de se montrer parfois singulièrement pragmatiste. M. Mignard, qui, comme nous, apprécie fort en général la logique de M. Schinz, se montre plus hardi et trouve dans son livre « certaines affirmations peu fondees, dues, sans doute, à (la) conception politique de la discussion des problèmes de la connaissance ». Nous soulgnons politique: ne doit-on pas en effet voir un aveu de cette tendance dans le sous-titre d'Anti-Pragmatisme qui promet une « défense des droits de l'aristocratie intellectuelle contre la démocratie sociale »? — N'est-ce pas la même arrière-pensée « politique » qui inspire des philosophes, animés d'ailleurs de la plus haute probité intellectuelle, lorsqu'ils nient l'existence même de certains phénomènes psychologiques comme objets d'étude parce que ces phénomenes ne peuvent être entièrement étudiés par les méthodes communément appelées philosophiques, qu'on ne peut dire s'ils relèvent de la logique et de la psychologie, s'ils ressortissent à l'intelligible pur ou à l'action... comme si les différentes disciplines philosophiques étaient autre chose que des points de vue, différenciés par des raisons de commodité, dirigés tous sur la réalité humaine, vivante et complexe? M. M... emprunte dans cette étude de l'esprit de système et de l'esprit de parti d'intéressants aperçus a ses travaux psychiatriques. Il montre en terminant que, quelque opinion qu'on ait sur la valeur objective du finalisme, on n'est pas autorisé à nier qu'il « nous soit donne par l'expérience - par l'expérience objective - et non pas par une nécessité sociale ou pragmatique».
L. PELLETIER.