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couverture de la revue Le Spectateur

Périodiques

Article paru dans Le Spectateur, tome premier, n° 2, mai 1909.

REVUE PHILOSOPHIOUE (mars 1909). M. Chiapelli constate la renaissance de la philosophie - les sciences mathématiques et expérimentales voient surgir à chaque pas des questions spéculatives, les arts et les lettres sont pénétrés par la pensée, le mouvement social éprouve le besoin de se construire une philosophie. Le rôle de la nouvelle philosophie, point de rencontre des sciences de la nature et des sciences de l'humanité, est d'être une science des valeurs universelles : ce n'est point là en faire, comme le reprochait Wundt, une simple discipline pratique, une simple philosophie de la vie et de l'action. C'est chercher là où, selon la remarque de Bradley, on peut seulement la trouver, cette self-consistency, cette autonomie, qui est le signe de la vraie réalité et que ne présente pas l'ordre causal dont la science se contente.
A. D.

M. Lalande applique à l'histoire de l'idée de Dieu les principes de son livre sur la dissolution, terme qu'il remplace par « évolution convergente ». Contrairement à l'opinion spencérienne les choses ne vont point du même au divers : « à presque tous les points de vue de l'histoire on ne voit pas un arbre qui se ramifie mais un fleuve qui se grossit d'affluents ». Cependant les mythes, les croyances religieuses, le folklore montrent que l'esprit commun place l'unité au début; et la plupart des penseurs, systématisant l'esprit populaire, ont concu l'évulation dans le sens divergent. Il y aurait donc antinomie entre l'évolution réelle qui est convergente et l'apparence divergente sous laquelle l'esprit la conçoit : mais pour M. Lalande cette représentation divergente correspond au même besoin de convergence, « car c'est une tendance de l'esprit de projeter symboliquement dans le passé l'image retournée de son effort vers le futur » (âge d'or, langue universelle). Ce phénomène d'optique intellectuelle est tout à fait remarquable et nous intéresse spécialement ici. On pourrait voir ainsi dans toutes les représentations primitives la projection retournée d'un effort plus ou moins conscient vers une réalisation future. Et il serait du plus haut intérêt, après avoir établi l'universalité de ce phénomène, de rechercher en détail les combinaisons de jugements et de raisonnements formant l'engrenage logique qui lui permet de s'accomplir.

V. M.

REVUE DE PHILOSOPHIE (1er mars 1909). Le Dr Goix, parlant du jeûne mystique, réfute certains préjugés contre le mysticisme. L'idéal de la sainteté est un idéal de force, de plus-être; le saint, loin d'étre un délirant, est tout à fait en accord avec les données scientifiques, la nature ne semblant pas, d'après M. Richet, se soucier de la joie et du bonheur de ses enfants, mais bien de leur vie, de leur maximum de vie. M. Goix cherche à établir une distinction entre « les austérités de la pénitence et celles de la débauche », les premières ayant pour but l'expérience directe de Dieu, les secondes l'émotion sensuelle. La distinction est forte, mais M. Goix n'a peut-être pas assez marqué si elle était de nature ou de degré, si l'austérité du saint était essentiellement différente des autres, ou, ce qui ne lui ôterait rien de sa grandeur, si elle n'en était qu'une épuration.

REVUE DES IDÉES (15 mars 1909). M. G. Matisse montre que « toutes les fois qu'une forme d'activité psychologique est liée directement au fonctionnement d'un sens spécial on constate de grandes inégalités entre les individus ». Il fait de curieuses remarques sur les aptitudes musicales et mathématiques, souvent associées parce que les organes des sensations sonores (limaçon) et ceux de l'orientation (canaux semi-circulaires) sont réunis dans l'oreille.

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