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couverture de la revue Le Spectateur

Livres nouveaux

Article paru dans Le Spectateur, tome premier, n° 6, octobre 1909.

R. EISLER. — Das Wirken der Seele. - Leipzig, Kroner, M. 1.

Le lecteur français ne devra pas se laisser arrêter par l'appareil métaphysique de M. Eisler. Il n'est pas nécessaire de porter à la constitution d'un « volontarisme moniste et évolutionniste, l'intérêt qu'il y attache pour lire avec fruit ses très justes observations psychologiques, en particulier celles du chapître un (la volonté comme moteur psychique). « Une intelligence pure, détachée de la volonté, une représentation et une pensée indifférentes (teilnahmslos) ne nous sont jamais « données. » On le voit d'abord par l'exemple de l'aperception, « maintien, préférence, choix d'un certain élément de la conscience, momentanément distingué des autres, en ce qu'il est plus clair, plus net, plus autonome, plus conscient ». De même pour la pensée : « je ne pense que parce que je veux dominer intellectuellement des données, les pénétrer, les embrasser de façon cohérente et unifiée, cela indépendamment de tous autres motifs, par exemple de motifs pratiques ». C'est nous qui soulignons ces mots : on ne répétera jamais assez qu'il y a dans la pensée, en dehors de toute considération pratique actuelle, des préférences, de même qu'à un jeu de cartes on prend intérêt sans qu'il soit nécessairement « intéressé », mais qu'on ne saurait y jouer, on ne saurait à chaque fois quelle carte poser si l'on n'avait pas l'intention, plus ou moins vive et plus ou moins bien servie par notre habileté, de gagner... ou peut-être de perdre, mais en tout cas une intention. Il en est ainsi de la pensée raisonnante, mais aussi de l'imagination (voir p. 38) et aussi de la perception.

R. M.-G.

Hermann PAUL. - Prinzipien der sprachgeschichte. 4te Auflage. — Halle, Max Niemeyer, M. 10.

Cette 4e édition des Principes de la linguistique historique se distingue surtout des précédentes par des notes discutant la position prise par Wundt dans le 1er volume de la Völkerpsychologie. M. Hermann Paul résume ainsi dans sa préface un des points les plus importants de cette discussion.
« Wundt lui-même... déclare qu'il s'est moins préoccupé d'utiliser la psychologie en vue de la linguistique que la linguistique en vue de la psychologie, qu'il a voulu de la considération de la langue tirer des lois psychologiques. Je doute que cela soit possible. Sans doute la psychologie peut puiser dans la linguistique historique maints sujets de réflexion. Mais toute modification dans l'usage de la langue, de celles qu'enregistre la linguistique historique et si simple qu'elle soit, est déjà le résultat d'actes multiples d'un grand nombre d'individus en tant que sujets parlants et que sujets écoutants. Le sujet d'étude du psychologue n'est pas ce résultat, mais les actes qui y ont abouti. L'ensemble des actes de langage, au sens le plus étendu et y compris l'acquisition d'une langue, tel est le domaine de la recherche psychologique. Mais celle-ci s'appuiera alors sur l'observation directe, sans avoir besoin de la linguistique historique. Ainsi la psychologie est une aide indispensable pour l'intelligence du développement des langues, mais la linguistique historique ne peut la payer de retour au moins de façon immédiate.

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