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couverture de la revue Le Spectateur

Psychologie des mentalités: la mentalité romantique

Article paru dans Le Spectateur, n° 33, mars 1912.


MENTALITÉ CLASSIQUE
ET MENTALITÉ ROMANTIQUE

(Suite)

4. La mentalité romantique

Vouloir à toute force retrouver dans le monde réel l'idéal qu'on a rêvé, c'est le fond de la mentalité romantique. La part de l'imagination est ici prédominante. Si le classique croit pouvoir faire tenir le monde dans ses concepts, et déterminer le cours des choses par voie de déduction, le romantique agit et pense comme si le monde devait se plier à ses désirs : son désir tendant naturellement à l'infini, son imagination élève tout au sublime; or il croit à ce que son imagination lui représente, et dès lors il règle d'après elle les démarches de son esprit. Tel est le caractère commun à tous les types romantiques du roman ou de l'histoire, que leur mentalité ait pour base une conception sublime de l'amour comme Mme Bovary, une conception héroïque de la vie comme Don Quichotte, ou une conception divine de leur propre personnalité comme Néron. Le rêve d'une vie supérieure, conçu non comme un rêve, mais comme une réalité, détermine leur manière particulière de raisonner et de se représenter les choses.

A. L'artiste et le littérateur prétentieux : Néron. — La pose et l'emphase romantiques ne sont pas comme la pose et l'emphase ordinaires un effet de la vanité. Elles se distinguent par le sentiment d'infini qu'elles renferment; elles sont une forme de l'aspiration au sublime. Ce n'est pas une satisfaction purement égoïste qu'elles recherchent : c'est plutôt une illusion de grandeur. Le souci de l'attitude chez les romantiques procède d'ailleurs souvent d'un intérêt moral. En effet, nous nous sentons aidés et soutenus dans l'accomplissement du devoir par l'approbation de nos semblables, et le courage nous est plus aisé quand nous savons que les yeux des autres sont fixés sur nous. Dans son désir d'atteindre un degré supérieur de vie, le romantique est ainsi conduit à se supposer le but de tous les regards. Ecrivain, il posera devant ses contemporains et devant la postérité; il n'ébauchera pas un geste qu'il ne se donne un public pour l'admirer, et se plaçant lui-même au point de vue de son public, il ne tardera pas à se faire l'admirateur de ses propres œuvres et de ses propres actes. Telle est par exemple la mentalité du cabotin ainsi que celle de l'artiste ou du littérateur prétentieux. En pareil cas, ce qui ne devait être qu'un moyen devient la fin même de la volonté. On recherche d'abord les applaudissements comme un secours extérieur, ou comme un encourage- ment, puis ils deviennent l'unique but.
Une telle mentalité affecte des formes diverses et comporte des degrés, selon que le souci de l'attitude se substitue plus ou moins complètement à l'idéal de vie supérieure qui l'a engendré. Chez les hommes de la Révolution française, par exemple, l'amour des grands mots et des belles phrases n'excluait ni le courage ni l'activité: la grandiloquence était la conséquence et comme l'expansion nécessaire d'une âme agitée par des passions extraordinaires dues à des circonstances exceptionnelles; ils se regardaient jouer leur rôle, mais ils jouaient réellement un grand rôle et ne perdaient pas de vue le terme réel de leurs efforts. Néron, tout au contraire, ne fut jamais qu'un comédien, en ce sens que l'effet à produire demeura toujours sa préoccupation exclusive. C'est, pour ce motif, la plus parfaite caricature du héros romantique qu'il soit possible d'imaginer. Il est déjà tout entier dans la parole qu'il prononce quand on lui demande de signer un arrêt de mort: « Que je voudrais ne savoir pas écrire! Quam vellem nescire litteras! » Et le récit de sa vie par Suétone multiplie les traits de caractère de ce genre. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la déformation intellectuelle que celte disposition affective lui fit subir. Il est par exemple significatif que dans les proclamations outrageantes de Vindex, rien ne l'ait offensé davantage que d'être traité de mauvais joueur de luth et appelé Œnobarbus au lieu de Néron : Nihil autem oque doluit quam ut citha- rodum malum se increpitum ac pro Nerone Œnobarbum appellatum. Rien de plus curieux non plus que de le voir, au moment où Galba se soulève avec les Espagnes, envoyer dire à un comédien qui plaisait beaucoup « qu'il profitait des occupations de l'empereur ». La vie supérieure que rêvait Néron n'est à nos yeux qu'une forme inférieure de vie, et c'est précisément ce qui nous rend le personnage grotesque. Il se prétend un grand artiste, mais son désir de ressembler aux grands artistes se limite aux succès obtenus par ceux-ci: ce qu'il leur envie n'est pas leur génie, mais les applaudissements. Il ambitionne l'extérieur de la gloire, non la gloire elle-même, la vraie gloire consistant dans le sentiment que l'artiste possède de sa puissance créatrice, ou dans la conscience que le héros prend de sa volonté héroïque. A ce point de vue, Néron nous offre le type parfait du cabotin ou de l'artiste prétentieux. Il a joué toute sa vie la comédie, mais il a été lui-même sa première dupe.
Le sentiment de la divinité en soi-même ou dans l'humanité est au fond de cet état d'âme; mais il se déforme sous l'action de l'égoïsme. Chez un homme bon et sincère comme Beethoven, il aboutit de la manière la plus naturelle à une œuvre géniale, la Messe en ré. La tendance romantique à la pose et à l'emphase résulte donc d'une vision incomplète de l'univers : on limite à soi le sentiment du divin, et on le limite à soi parce qu'on n'a pas la force de l'étendre à tous. Au contraire l'homme de génie possède une puissance de sympathie qui lui permet de comprendre qu'un être est toujours tout ce qu'il peut être, comme l'exprimait Gœthe, comme le sentaient Shakespeare et Dostoïewski (1). Là où le divin est expressément perçu d'une manière universelle, on aboutit à la vision panthéistique d'un Spinoza (2).
Mais une grande force d'esprit et d'âme est nécessaire pour s'élever à de tels sommets. Les faibles s'arrêteront a mi-chemin, et leur perspective restant incomplète, leurs aspirations démesurées les égareront au lieu de les soutenir. Il est dangereux de se croire un surhomme quand on n'a qu'une individualité médiocre, comme il est ridicule de se croire du génie quand on n'a pas plus d'esprit que le vulgaire. Le romantisme n'est sans danger que pour les hommes supérieurs. Le classicisme convient beaucoup mieux aux âmes moyennes. L'état d'âme romantique est particulièrement néfaste lorsqu'il résulte de l'atmosphère artificielle où l'on a vécu - comme c'est le cas pour Mme Bovary et jusqu'à un certain point pour Don Quichotte. Toutefois un tel etat comporte lui-même des nuances, suivant la nature de l'idéal qu'on désire et le degré d'énergie qu'on possède : c'est ainsi par exemple que si nous nous habituons à nous complaire dans le rêve d'une vie supérieure à laquelle nous n'avons pas la force de nous élever, et que par suite nous ne voulons réellement pas, la seule influence qu'un tel idéal ait sur notre vie est de nous faire envelopper du voile magnifique d'une illusoire vertu la laide réalité de nos faiblesses et de nos vices, en dérobant sous un étalage de beaux sentiments les motifs très égoïstes de nos actions (3). Un autre défaut propre aux personnes romanesques est d'exiger d'autrui une perfection que la nature humaine ne comporte pas, et qu'elles-mêmes, au demeurant, ne possèdent pas plus que le commun des hommes. L'erreur est ici de prendre l'imaginaire pour le possible. Mais l'état d'âme romantique devient réellement fécond quand il est assez sincère et assez fort pour se traduire en action. Alors on a le droit de s'insurger contre les faits au nom d'un idéal supérieur. Alors comme le dit Emerson, « the man is true to his better instincts or sentiments, and refuses the dominion of facts,as one that comes of a higher race ». La puissance créatrice de l'homme entre en conflit avec la puissance de la nature, avec le sentiment de ce qu'elle contient en elle de plus élevé. L'essentiel est seulement ici de voir la réalité telle qu'elle est et ne pas laisser le sentiment déformer l'intelligence. A des aspirations sublimes doit correspondre une raison supérieure, si l'on ne veut ressembler au vaillant chevalier dont Cervantés nous conte l'histoire. Car si l'on perd la vision exacte des choses, on redevient toujours Don Quichotte par quelque endroit.

B. Le désir de vie héroïque : Don Quichotte. - Une première déformation de l'intelligence, caractéristique de la mentalité romantique, consiste donc à ne voir le monde réel qu'au travers du monde imaginaire qu'on s'est forgé. Ce défaut existe surtout chez ceux qui ne connaissent encore la vie que par les livres. L'homme se crée par le rêve une vie idéale : il s'efforce même de la réaliser, par les arts, et plus particulièrement par la poésie et le roman. Roman et poésie ont donc pour rôle de donner satisfaction à notre désir de vie supérieure, soit en contentant nos aspirations les plus nobles et les plus pures comme le fait la haute poésie, soit en offrant une carrière à des instincts refoulés en nous par le réel; dans ce dernier cas, on se console de la médiocrité de la vie courante en vivant par la pensée des aventures merveilleuses, émouvantes ou héroïques, et par là-même on entretient en soi des qualités d'ame que le cours journalier des choses laisserait s'effacer et disparaître. Le rôle moral de la littérature et de l'art consiste précisément à empêcher la meilleure partie de notre âme de se rouiller; à l'entretenir soignement en attendant que les circonstances nous offrent l'occasion d'en user pour le plus grand profit de nos semblables. Mais l'abus de la lecture a également son danger. C'est de nous habituer à nous contenter du rêve et de la parole, au détriment de l'action. A se passionner trop exclusivement pour les hauts faits et les prouesses imaginaires, on risque de se contenter d'un héroïsme facile consistant uniquement en un étalage de beaux sentiments auxquels la conduite ne répond point. On en arrive ainsi à se croire vertueux simplement pour avoir rêvé, et il y a beaucoup de cette illusion dans le cas de J.-J. Rousseau. Mais il arrive aussi qu'on a la force de franchir l'abîme qui sépare la vie et les livres, comme le fait le héros de Cervantès.
Don Quichotte mérite de retenir notre attention, car son cas est une des plus belles illustrations qu'on puisse rêver pour nos précédentes analyses. Il nous est représenté par Cervantès aussi nettement que possible : « Llenosele la fantasia de todo aquello que leia en los libros... y asentosele de tal modo en la imaginacion que era verdad toda aquella machina de aquellas soñadas invenciones que leia. » Il a lu les romans de chevalerie, s'en est rempli l'esprit, et a fini par croire fermement aux aventures qu'ils retracent. Mais en même temps que son imagination ardente lui représente comme réels ces événements imaginaires, sa volonté généreuse le pousse à réaliser pour son compte ce qu'il admire chez autrui. C'est un fou, et un fou dangereux, très capable de casser la tête aux gens pour l'amour de sa dame ou la gloire de la chevalerie errante, mais il est enthousiaste, généreux, désintéressé, et n'hésite pas une minute à mettre sa vie en péril pour secourir l'opprimé ou acquérir du renom. Le désir de la réputation est très vif en lui: c'est un glorieux qui célèbre lui-même en termes pompeux les exploits qu'il ne peut manquer d'accomplir. Dès sa première sortie, il s'improvise son propre historiographe. Il parle à chaque instant de son bras invincible; il s'intitule lui-même « el valeroso caballero, el nunca como se debe alabado don Quijote ». Il éprouve à chaque instant le besoin d'apprendre à tous qu'il est chevalier errant et à célébrer dans sa personne les mérites de la chevalerie errante. Il est beau parleur et grand ami des longs discours, il n'épargne guère les harangues, n'eût-il pour auditeurs que des chevriers. Mais ce ne sont là que les défauts de ses qualités, les erreurs d'une âme droite, sincère, enthousiaste, incapable de calculs égoïstes ou mesquins, toujours prête à se dévouer pour une noble cause. Il engage le combat avec la conviction absolue de la victoire, mais renversé et menacé de mort, s'il ne renie sa foi, il crie à son adversaire de lui ôter la vie puisqu'il lui a ôté l'honneur.
Contrairement à ce qui se produit dans le cas du cabotin ou du littérateur prétentieux, l'idéal de vie supérieure est resté pour Don Quichotte la fin réelle de son activité. Ses mésaventures successives n'ont point lassé sa patience : elles ne sont à ses yeux que les inconvénients obligés de sa profession. A la longue, elles le rendront plus défiant à l'égard de ses forces: le Don Quichotte de la seconde partie est plus prudent que celui de la première ; il reconnaît qu'il lui est impossible de mener à bien certaines aventures, et il l'explique en disant qu'elles sont réservées à d'autres qu'à lui. Mais son courage demeure le même, et sa générosité ne se dément pas un instant. Il y a plus. Lui-même distingue expressément le moyen de la fin. A Sancho Panza qui s'étonne de son amour pour une personne qu'il connaît à peine, et qui ne brille ni par la beauté ni par la condition, il répond que Dulcinée est assez bonne pour ce qu'il en veut faire, puisqu'elle suffit, telle qu'elle est, à soutenir son courage dans l'accomplissement de sa tâche héroïque. Il se console de sa déconvenue à la vue des moulins à foulons par la pensée de la résolution qu'il a montrée devant un péril qu'il croyait réel. Il ne regrette jamais les coups et les déboires qu'il s'attire, et il montre ainsi que la gloire qu'il ambitionne n'est pas le but suprême auquel il vise; car il aime mieux la mériter que l'obtenir, au rebours de ce qui a lieu pour Néron.
C'est pour cette raison que Don Quichotte, quoiqu'il paraisse une dérision de l'héroïsme, demeure au fond une excellente leçon de morale. Au milieu des injustices, des canailleries, des lâchetés de ce monde, parmi des hommes exclusivement occupés de leurs intérêts mesquins et de leurs basses ambitions, l'individu généreux, enthousiaste, épris de vertu, et désireux de mettre sa conduite d'accord avec ses principes, ne peut guère être autre chose qu'un fou, et la vie se chargera de le lui faire voir. Mais il persévérera dans la voie qu'il s'est choisie, et ce sera là sa grandeur. Aussi bien sa véritable destinée ne consiste-t-elle pas dans la série des incidents heureux ou malheureux de son existence quotidienne, mais dans l'état d'âme héroïque auquel il s'élève. D'autant plus ridicule qu'il se croira sublime, il sera trompé, berné, bafoué, roué de coups par les muletiers de toutes les Espagnes. Mais lors même qu'il se laisse abuser par ses chimères et des mensonges, lors même que les autres s'amusent de lui en le poussant à des aventures imaginaires, il demeure l'arbitre de sa vie, car il n'obéit qu'à la loi profonde de son être. Nous arrêterons sur ces considérations morales cette esquisse d'une psychologie des mentalités classique et romantique, que nous regrettons seulement de n'avoir pas rendu plus agréable et plus instructive.

André Joussain.

APPENDICE. — Le récent roman de M. Antoine Avinen, L'Aventure de Demoiselle Yolande (Paris, Bernard Grasset), nous fournit l'occasion de quelques remarques complémentaires. Nous n'avons pas à parler ici des mérites littéraires de ce livre, et nous laissons à d'autres le soin de louer l'agrément de son style, l'intérêt dramatique du récit, le pittoresque de ses descriptions et la documentation très sûre de l'auteur sur le moyen âge. C'est seulement comme une contribution à l'étude des mentalités que nous devons examiner cette vivante restitution des mœurs du xiv° siècle. Non que l'auteur ait visé à une minutieuse psychologie: — le manque de complexité dans les caractères se justifiant d'ailleurs par le ton très simple de l'ouvrage qui tient plutôt du conte que du roman. Mais son héroïne nous fournit une nouvelle illustration de ce que nous avons appelé la mentalité romantique.
Demoiselle Yolande est une jeune fille romanesque, qui lit avec passion les histoires de la Table Ronde, et qui voudrait voir se dérouler dans le monde réel les merveilleuses aventures dont son imagination s'enchante. Aimée par un jeune chevalier, simple et hardi, elle trouve tout naturel d'imposer à celui-ci des épreuves, à l'instar des dames de la cour du roi Arthur, persuadée au fond du cœur que son ami s'en tirera sain et sauf, à son honneur et à sa gloire. Elle a donc quelques points communs avec Don Quichotte: comme lui, elle voit le monde à travers les livres. Mais on ne pourrait dire d'elle ce que Cervantés dit de son héros : « del poco dormir y del mucho leer se le seco el celebro de manera que vino a perder el juicio ». Demoiselle Yolande, elle, ne s'est pas desséché le cerveau à force de lire, et, malgré ses dispositions d'esprit romanesques, elle conserve du bon sens jusque dans ses illusions. A son père qui s'étonne de sa folie, elle répond qu'elle connaît très bien la différence des temps et qu'elle n'a garde d'assimiler le présent à l'époque du roi Arthur. Elle ne rêve pas comme Don Quichotte la restitution intégrale du passé. — D'autre part, son idéal n'est pas en contradiction absolue avec les mœurs et les idées courantes. La folie de Don Quichotte est de vouloir ressusciter l'idéal chevaleresque en un siècle dont les aspirations sont irrémédiablement différentes. Son armure, sa lance et sa rondache sont d'un autre âge. Le rôle qu'il rêve est impossible dans le système social sous lequel il vit. Mais Yolande est d'un temps où l'idéal chevaleresque, quoique sur son déclin, garde encore quelque vague empire sur les âmes, et où le système social n'a que peu varié depuis le temps où cet idéal était vivant. Pour cette raison elle ne ressemblera pas plus à madame Bovary qu'à Don Quichotte; car elle a quelque chance de trouver le héros qu'elle rêve, ce qu'elle demande étant difficile, mais nullement impossible.
De madame Bovary, d'ailleurs, elle s'éloigne encore en ce que ses dispositions romanesques ont leur source dans un très pur amour de l'idéal et dans l'inexpérience de sa jeunesse, non dans le désir sensuel égaré par une imagination malade. Et ce dernier point suggère quelques réflexions. M. Ernest Seillière, un adversaire du romantisme dont l'érudition est étendue et sûre, mais dont le solide bon sens est souvent dévoyé par l'esprit de système — l'esprit classique - ne veut absolument voir dans le romantisme que ce qu'il a de maladif ou de factice. Mais le romantisme que nous montre M. Avinen est au contraire sain et normal. On comprend qu'un homme d'âge mûr, qui a l'expérience de la vie, n'ait plus les illusions ni l'enthousiasme de la jeunesse, mais on aurait une pauvre opinion d'un jeune homme — ou d'une jeune fille — qui, n'ayant pas cette expérience, n'aurait pas davantage ces illusions ni cet enthousiasme. La mentalité romantique est en ce sens une phase nécessaire de notre vie morale. Ceux qui ne l'ont point traversée sont à plaindre. Il faut remercier M. Avinen de nous l'avoir, sans y prétendre, discrètement rappelé.

A. J.


(1) L'œuvre de Dostoïewski vient d'être, à ce point de vue, étudiée d'une manière très pénétrante par M. Suarès. (Dostoiewski, Cahiers de la Quinzaine, décembre 1911.)
(2) On pourra sur ce point se reporter à notre livre, Romantisme et Religion (Félix Alcan, 1910), ainsi qu'à notre article de la Revue Bleue sur Edouard Schuré (1er juillet 1911).
(3) On pourra, sur ce point, consulter utilement le livre de M. Louis Maigron sur le Romantisme et les mœurs. (H. Champion, 1910.)

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