Erratum
Article paru dans Le Spectateur, n° 9, janvier 1910.
Dans notre article du n°8 sur un récent procès criminel une double erreur matérielle a rendu inintelligible une partie de notre argumentation. Les lecteurs qui voudront bien se reporter à la page 347 devront lire ainsi la phrase qui occupe les lignes 21 à 26. « Quelle autorité aurait sur ce dernier l'avocat qui s'écrierait : « Il est prouvé que telle opération préparatoire du crime n'a pu être exécutée qu'en pleine lumière, or, dans la pièce où elle l'a été mon client n'a été vu qu'à une heure de l'après-midi, donc elle ne lui est évidemment pas imputable »? »
Nous espérons que des deux hypothèses que nous énoncions ensuite au sujet de cet avocat et qui dès lors se posaient à notre égard, les lecteurs ont choisi celle du lapsus. C'est d'ailleurs de leur indulgence seule que nous attendons notre excuse. Mais pour un psychologue, plus que pour tout autre, à quelque chose malheur est bon, et il nous faut tirer un enseignement de l'étourderie commise dans la correction de nos épreuves. Par quoi une faute d'impression attire-t-elle l'attention de l'auteur ? Par un double choc de la nature de celui que produit une fausse note sur une oreille musicale. Il y a d'abord la différence avec ce qu'il a écrit sur son manuscrit, mais on sait que l'influence de ce premier facteur est très affaiblie par ce que les psychologues de langue anglaise appellent précisément l'illusion du correcteur d'épreuves, qui nous fait apercevoir non ce qui est réellement imprimé mais ce à quoi nous nous attendons.
Reste en général le choc produit par une faute intrinsèque, erreur logique par exemple, qui précisément nous manquait dans le cas considéré puisqu'il s'agissait de construire un raisonnement faux : c'est donc dans des circonstances de cette sorte qu'il faut redoubler d'attention.
R. M. G.