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couverture de la revue Le Spectateur

Bulletin de logique du langage

Le Spectateur, n° 12, 1er avril 1910

Article paru dans Le Spectateur, n° 12, avril 1910.

DE QUELQUES PROBLEMES DE LINGUISTIQUE ET DE LOGIQUE SOULEVÉS PAR LES ESSAIS DE LANGUE INTERNATIONALE (L. I.)

(Suite) (1)

Nous avons vu dans le précédent bulletin que les efforts des partisans de la L. I. postulaient la possibilité du rôle de la volonté dans le langage. Nous avons réfuté le double sophisme que l'on fait d'habitude lorsqu'on voit dans le rôle de la volonté une preuve qu'il ne peut y avoir de lois linguistiques, ou lorsqu'on oppose à la possibilité de ce rôle l'existence de lois linguistiques démontrées.
Contrairement à l'opinion commune c'est justement s'il y a des lois linguistiques que la volonté humaine peut s'exercer sur le langage, et cette action est nécessairement proportionnelle à l'exactitude de ces lois, comme à l'intuition ou à la connaissance qu'on en peut posséder ou acquérir.
Aussi est-ce dans la connaissance des lois linguistiques que les partisans de la L. I. espèrent trouver le moyen de réaliser leurs projets et de pouvoir construire une Langue à la fois internationale et artificielle.

INTERNATIONALITÉ LINGUISTIQUE. — Nous avons vu que les partisans de la L. I. déclarent que si la langue internationale est possible, c'est que l'internationalité linguistique existe déjà, et comme fait, et comme tendance. Une langue internationale est déja en partie constituée à travers les langues nationales; et de plus il est dans l'évolution linguistique naturelle que ces langues nationales soient un jour absorbées par cette langue internationale. Nous avons montré qu'il fallait, dans les exemples dont se réclament les partisans de la L. I., distinguer deux sortes d'internationalités entièrement différentes : 1º L'internationalité professionnelle.
L'internationalité proprement linguistique et commune.

Par internationalité professionnelle nous entendons ce phénomène que les individus de nationalité différente, mais appartenant à une même profession, arrivent à se servir, dans les moules divers de leurs langues natio- nales, de tournures et surtout d'un vocabulaire à peu près communs. C'est ainsi que l'on peut remarquer, à travers les langues européennes actuelles, l'existence d'un vocabulaire et même d'une certaine langue internationale juridique, religieuse, militaire, etc.
Par internationalité commune et proprement linguistique nous entendrons cette tendance que semblent avoir les langues européennes à adopter, tant dans leur vocabulaire que dans leur grammaire, des formes à peu près analogues (comme ce fait signalé par M. Couturat que dans les langues européennes tous les verbes nouveaux sont réguliers). Cette tendance qu'on croit remarquer dans les langues nationales à se dissoudre en une langue internationale est indépendante de toute influence sociale et professionnelle et ne tient qu'au seul jeu de forces uniquement linguistiques.
Les partisans de la L. I. pourront-ils fonder leur langue selon l'un ou selon l'autre de ces deux modes d'internationalité?

1° Selon le mode de l'internationalité professionnelle.
Ils pourront : soit l'emprunter aux langues professionnelles existantes, soit la composer sur le modèle d'une de ces langues. Nous avons vu qu'ils ne pourront l'emprunter aux langues professionnelles existantes dans leur ensemble, car il est impossible de discerner entre ces langues les éléments d'une langue commune, et que d'un autre côté ils ne pourraient pas l'emprunter à l'une de ces langues car chacune est rigoureusement restreinte à la profession de ceux qui la parlent ou l'écrivent. Quant à fonder la L. I. sur le modèle des langues professionnelles, cela est encore impossible, car ce qui maintient l'homogénéité des langues professionnelles, c'est l'homogénéité d'une profession, et les partisans de la L. I. ne forment pas une profession.

2° Selon le mode de l'internationalité proprement linguistique et commune.
Nous avons insisté sur le mode d'internationalité professionnelle, car c'est selon ce mode que les partisans de la L. I. semblent vouloir la construire. Ils font souvent allusion, il est vrai, au mode d'internationalité linguistique commune, mais on peut remarquer qu'ils attribuent à cette internationalité les caractères de l'internationalité professionnelle et que, partant, c'est encore à internationalité professionnelle qu'ils ont recours. Mais, si l'on se représente l'internationalité linguistique-commune telle qu'elle est et que l'on songe à la construction d'une L. I. selon le mode de cette internationalité, d'autres difficultés presque insurmontables apparaîtront aussitôt.
Remarquons tout d'abord que cette internationalité, dont il est peut-être possible d'apercevoir certaines manifestations, ne peut s'exercer que dans une sorte d' « univers » de phénomènes linguistiques. Son évolution ne peut être qu'une évolution d'ensemble, susceptible d'aboutir seulement à une koïné européenne, mais dont les éléments sont indissolubles, et desquels par conséquent on ne peut distraire une partie pour l'élaboration d'une langue auxiliaire. Les partisans de la L. I. pourraient dire qu'il leur importe peu que l'évolution de l'internationalité commune-linguistique nous donne une koïné au lieu d'une langue auxiliaire; que, si cela était, leur but serait cependant atteint; qu'il vaudrait mieux même que cette langue internationale soit commune au lieu de n'être qu'auxiliaire; et qu'enfin leur rôle devrait se borner alors à rendre plus rapide l'avènement de cette koïné. Il n'est pas nécessaire, croyons-nous, de montrer que, tout au moins dans l'état actuel des connaissances linguistiques, cela est impossible. Mais supposons cependant que cela fût possible et que les partisans de la L. I. puissent précipiter cette évolution. Le but qu'ils se proposent de créer une langue internationale ne serait cependant pas atteint, car cette koïné née avant terme, et justement parce quelle serait née avant terme, disparaîtrait dans le temps même de sa naissance sous la poussée de nouvelles langues différenciées. Assurément les cercles de communauté linguistique seraient peut-être déplacés, et il se pourrait faire alors que des Français par exemple parlassent la même langue que des Allemands; mais cette langue, qui serait commune à certains Allemands et à certains Français, serait différente de celles que parleraient d'autres Français avec d'autres étrangers. Ces langues ne seraient plus nationales en ce sens qu'il n'y aurait plus adéquation entre leurs limites et les limites des nations; mais elles ne seraient point cependant internationales au sens où l'entendent les partisans de la L. I., c'est-à-dire universelles, puisque d'abord elles seraient et resteraient plusieurs et que de plus chacune d'elles, pour n'être plus nationale, serait cependant, et d'une façon rigoureuse, socialement et géographiquement localisée.

ARTIFICIALITE LINGUISTIQUE. — La L. I. sera nécessairement artificielle, et c'est dans son caractere artificiel que ses partisans voient un gage de sa durée et de son unité. La complexité du terme artificiel mériterait une longue étude; nous voulons seulement ici chercher les sens que ce terme peut prendre dans la locution langue artificielle.
Fidèles à leur méthode a posteriori, les partisans actuels de la L. I. déclarent qu'une langue artificielle est possible pour cette raison qu'il en existe déjà plusieurs. Certaines langues littéraires, disent-ils, sont considérées par les linguistes comme des langues artificielles, et cependant ces langues sont écrites et comprises par un grand nombre d'hommes. Par conséquent son caractère artificiel ne saurait être un obstacle à la réalisation de la L. I. Plus confiants encore en cette apparente analogie, certains même ont salué dès maintenant la venue prochaine de prosateurs et de poètes de la L. I. Pourquoi non, puisqu'il est démontré que la plupart des langues littéraires sont artificielles ?
Mais, en même temps et presque de la même manière qu'ils nous rappellent le caractère artificiel des langues littéraires, les partisans de la L. I. se réclament aussi des disciplines et des techniques qui souvent sont parvenues à se créer une langue artificielle (langage, nomenclature, signaux, etc.). Or de même que nous avons distingué le mode d'internationalité professionnelle et le mode d'internationalité linguistique-commune, il nous faut, dans les exemples de langues artificielles dont se réclament les partisans de la L. I., distinguer deux modes différents que, faute de meilleurs termes, nous appellerons :

L'artificialité littéraire.
L'artificialité scientifique.

On peut admettre en effet, et beaucoup de linguistes comme beaucoup d'écrivains l'ont pensé, que la plupart des langues littéraires sont artificielles. Mais si l'on analyse les caractères, si différents soient-ils, de cette artificialité, on s'apercevra que toujours elle tient uniquement dans ce que les langues littéraires en question s'éloignent des langues parlées.
A côté de cette artificialité littéraire il en est une autre due aux besoins des sciences et des techniques. C'est ainsi que nous avons les diverses langues scientifiques, etaussi certains systèmes de nomenclatures et de signaux, quand ils ne sont pas toutefois de simples transcriptions de la langue ordinaire.
On voit la différence profonde qui sépare ces deux modes d'artificialité, et il n'est pas besoin d'insister beaucoup pour montrer que même ils n'ont rien de commun.
Tout d'abord, comme nous l'avons vu, l'artificialité littéraire est constituée uniquement par ce fait que la langue littéraire s'éloigne de la langue parlée; mais cet éloignement ne peut jamais constituer une différence de nature. La langue littéraire ne peut pas rompre avec la langue parlée. Si loin qu'elle s'en écarte, elle y tient par toutes ses origines, elle s'y retrempe sans cesse et il lui est nécessaire d'être parlée ou de pouvoir être parlée à moins que mourir aussitôt.
La langue scientitique, par contre, n'a aucun rapport avec la langue parlée; on ne peut pas dire qu'elle s'en éloigne, car elle ne peut en être ni près ni loin, elle est essentiellement autre. Cela est si vrai que les langues scientifiques peuvent n'être et ont parfois qu'un système de signes visuels. Et ces langues qui ne s'adressent qu'à la vue, et qui pourraient tout aussi bien ne s'adresser qu'a un autre sens s'il en était un d'aussi perfectionné, ne sont pas plus artificielles que celles qui sont composées de sons. C'est l'habitude et aussi peut-être une commodité plus grande qui nous font employer les sons pour la composition de la plupart des langues scientifiques; mais cet emploi n'est en rien nécessaire, et les langues ainsi composées de sons, et qui partantpeuvent s'articuler, n'ont rien de commun avec ce que l'on entend d'ordinaire par langue parlée.
De plus, et c'est peut-être la différence la plus importante, les langues artificielles littéraires, quelle que soit leur artificialité, restent cependant sociales, forment un système extérieur aux individus et s'imposent à eux du dehors. Certes l'individu pourra apporter des modifications à ce système, mais ces modifications ne pourront réussir qu'autant qu'elles satisferont à certaines conditions de la langue, étrangères et préexistantes aux auteurs des modifications. Quand nous disons l'individu nous n'entendons point par là une ou quelques rares individualités, mais nous voulons désigner l'action accomplie par des individus, en tant qu'individus, quel que soit leur nombre. Si tous les individus, par exemple, écrivant une langue littéraire étaient d'accord, leur action sur cette langue serait cependant limitée, et ils ne la pourraient modifier qu'autant que celte langue elle-même, extérieure à eux, le leur permettrait.
Dans les langues scientitiques, au contraire, il suffit de la décision ou du consentement des individus se servant de cette langue pour y introduire aussitot les modifications les plus profondes. Assurément certaines réformes terminologiques ne sont pas toujours acceptées, et souvent il y a de longues controverses entre savants sur une forme de leur langue à adopter ou à rejeter; certaines fois même, ne pouvant parvenir à s'entendre, divers groupes se servent chacun de leur côté de termes et de formes différents. Mais ces controverses, ces divisions montrent seulement que les individus ne sont pas d'accord et ne prouvent rien contre ce que nous soutenons, que, contrairement à ce qui se passe pour les langues littéraires, il suffit que les individus se servant des langues scientifiques soient d'accord pour pouvoir aussitôt modifier ces langues, et entièrement à leur gré. Cherchons maintenant si les partisans de la L. I. qui confondent souvent ces deux modes d'artificialité pourront fonder leur langue selon l'un ou selon l'autre de ces modes.

1º Selon le mode de l'artificialité littéraire.
Peut-être ne serait-il point nécessaire de montrer qu'ils ne le pourront pas selon le mode de l'artificialité littéraire et peut-être suffirait-il de montrer qu'eux- mêmes ils ne le pensent pas. Lorsqu'ils se réclament en effet de l'artificialité des langues littéraires c'est toujours que, dans les exemples qu'ils choisissent, ils attribuent à l'artificialité littéraire les caractères de l'artificialité scientifique.
Car l'artificialité que doit nécessairement avoir la L.I. n'a rien de commun avec l'artificialité des langues littéraires. Contrairement aux langues littéraires et semblable en cela aux langues scientifiques, la L. I. n'a aucune sorte de rapport avec une langue parlée quelconque. Il n'y a même aucune nécessité pour elle à employer des sons au lieu de signes et elle pourrait ne s'adresser qu'à la vue, sans qu'il soit possible même de l'articuler, que sa nature n'en serait changée en rien.
Contrairement encore aux langues littéraires, et semblable encore en cela aux langues scientifiques, la L. I. n'a aucun caractère social. L'action individuelle y est absolument sans limites, et il suffit de l'accord des individus qui s'en servent pourla modifier de la façon la plus complète. C'est l'accord des individus qui fera que pour exprimer l'idée d'engager on dira dans la L.I. admoni ou exhortar, — pour rendre l'idée de hanche, kokso ou hancho, — pour rendrel'idée de déchirer, shiri ou lacerar, etc... C'est l'accord des individus qui fera que la L.I. aura un adjectif variable ou invariable, qu'elle aura, ou qu'elle n'aura pas d'accusatif, etc.
L'artificialité de la L. I. diffère donc essentiellement de l'artificialité des langues littéraires et ses partisans ne peuvent espérer la fonder selon le mode d'artificialité de celles-ci.

2º Selon le mode de l'artificialité scientifique.

Ici nous pourrions refaire à propos de l'artificialité les observations que nous faisions dans le précédent bulletin à propos de l'internationalité scientifique. Les partisans de la L. I. n'ont que deux moyens de fonder leur langue selon l'artificialité scientifique :
a) En lempruntant aux langues scientifiques existantes ;
b) En la composant sur le modèle de ces langues.

a) Ils ne pourront point l'emprunter aux langues scientifiques existantes, dans leur ensemble, car ces langues diffèrent complètement et il est impossible de discerner entre elles les éléments d'une langue commune. — Ils ne pourront pas non plus l'emprunter à une de ces langues, car chacune d'elles est rigoureusement limitée à l'expression des notions de la science ou delatechnique spéciale pour les besoins de laquelle elle a été crée.
b) Ils pourront essayer de la bâtır sur le modèle d'une de ces langues scientitiques; mais là encore leur entreprise échouera. Car de même qu'une profession est nécessaire à l'élaboration d'une langue professionnelle, une science ou une technique est nécessaire à l'élaboration d'une langue scientifique, et, pas plus que les partisans de la L.I. ne forment une profession, leurs travaux et leurs études ne sont une science ou une technique.
Si les langues artificielles scientifiques peuvent avoir été élaborées et peuvent se maintenir, c'est que, comme les langues professionnelles, elles sont réservées à la désignation des mêmes objets, à l'analyse des mêmes concepts, à l'exposition des mêmes faits en nombre restreint. Or la L. I. ne peut pas être réservée à l'expression ou à l'analyse d'un certain nombre de choses ou d'idées nettement déterminées et fixées. Elle doit au contraire pouvoir désigner toutes les choses, pouvoir analyser toutes les idées. Elle ne correspond au besoin d'aucune spécialité, ni pratique, ni intellectuelle, et n'a en elle aucun des liens qui maintiennent les langues artificielles scientifiques.

Ainsi donc la L. I., nécessairement internationale et artificielle, semble ne pouvoir s'élaborer, ni selon aucun mode d'internationalité, ni selon aycun mode d'artificialité. On pourra nous objecter l'existence de plusieurs L. I. qui ont duré un certain temps, au cours duquel elles ont été usitées. Nous répondrons que ces succès plus ou moins persistants ont toujours abouti jusqu'ici à un échec, et que succès et échec ont exactement les mêmes causes.
Comme nous le faisions remarquer dans une note du précédent bulletin, les efforts accomplis en commut par les partisans de la L. I. confèrent à leur groupement une sorte d'existence professionnelle, susceptible de fournir à leur langue commençante un véritable lien linguistique. Ces mêmes efforts, et pour la même raison, donnent aux études et aux travaux des partisans de la L. I. un certain caractère, spécial, technique, scientifique, susceptible lui aussi de donner à la langue pour la construction de laquelle sont faits ces travaux et ces études, et dans laquelle ils sont généralement publiés. un lien linguistique véritable.
Grâce à ces efforts, la L. I. peut être réalisée durant un certain temps, selon le mode de l'internationalité professionnelle et selon le mode de l'artificialité scientifique. Mais ce caractère professionnel et scientifique de toute L. I. commençante, et qui explique son succès, ne peut lui être conservé qu'autant qu'elle n'est point encore fermée et qu'elle sert à se discuter elle-même. Or les partisans de la L. I. ne peuvent fonder une L. I. pour servir uniquement aux discussions sur la L. I. À mesure que leur langue se fonde, à mesure quelle se répand, elle perd nécessairement ce caractère professionnel et scientifique et trouve ainsi dans son triomphe même les causes de sa ruine.
Ces quelques objections d'ordre dialectique nous semblent indiquer que le problème de la L. I. n'est pas résoluble de la façon qu'il est posé. Cela ne veut point dire qu'on ne continuera pas à le poser dans la même forme qu'on le fait à présent. L'histoire nous montre que ce ne sont pas toujours les problèmes insolubles qui ont le moins passionné l'esprit humain. Peut-être aussi le posera-t-on différemment; peut-être un autre but sera-t-il atteint que celui qu'on s'imagine poursuivre... Mais nous voulons abandonner ici toute considération de ce genre. L'entreprise, même de limpossible, outre l'exercice intellectuel qu'elle nécessite, peut amener a des réalites qu on n'aurait point soupçonnées autrement et la certitude même dans laquelle on serait de l'échec des partisans de la L. I. n'enlèverait pas l'intérêt que l'on peut prendre à leurs efforts. Ces efforts, et plus nombreux chaque jour, constituent une sorte d'expérience du langage dont un logicien peut tirer profit.
Nous n'avons examiné que des questions très générales telles que celles du rôle de la volonté dans le langage, de l'internationalité et de l'artificialité linguistiques. Nous étudierons au cours de ces bulletins d'autres questions plus spécialement logiques ou grammaticales telles que celle par exemple de la dérivation.
Il sera curieux aussi d'examiner, lorsqu'elle est pratiquée, les rapports de la L. I. avec les autres langues et de suivre la persistance ou la déformation des formes linguistiques nationales au sein de cette langue internationale. N'oublions pas non plus que la L. I. n'est point nécessairement unique et qu'il peut se trouver dans le même temps plusieurs L. I. dont la concurrence est susceptible de révéler certaines conditions du langage. A ce sujet la lutte violente des partisans de l'espéranto et de ceux de l'ido présente souvent un très réel intérêt.

VINCENT MUSELLI.


(1) Un ensemble de circonstances a empêché M. Muselli de donner plus tôt la suite de son étude sur la langue internationale. Nous comptons d'autant plus sur l'indulgence des lecteurs pour excuser ce retard que le sujet n'a rien perdu de son actualité et qu'il ne se passe pas de semaine sans que paraisse quelque article favorable ou défavorable à l'établissement d'une langue internationale.
N. D. L. R.

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