Jean Grenier & Jean Paulhan, 1925-1968
Jean GrenierJean PaulhanJean Paulhan fut, à leur insu, le dépositaire fidèle des fidèles dont lui-même était le trésor, en dépit du grand nombre des petits billets qu'il semait pour les pigeons de la poste, mais à la faveur des beautés volontaires d'une écriture nette comme un bec, et d'une encre coulée par un fondeur d'or.
Il se trouve aussi que, parmi les entours de Paulhan, Jean Grenier fut un compagnon de quarante années. L'âge les séparait sans les désunir. Au surplus, on était dans les eaux de Paulhan sans en être oublié ni submergé. Les subordonnés n'avaient jamais le sentiment d'être subalternes.
J'attribue ce libre jeu des disciples à la courtoisie taciturne du maître. [...] On lui permettait d'être tranchant parce qu'il n'était pas éloquent.
Jean Grenier lui ressemblait, sur ce point-là. La parole dont, malgré lui-même, il faisait métier, n'était pas son fort. Il avait moins d'ardeur à l'expression que de goût pour une méditation dont se nourrissaient les délices malheureuses du doute.
[Voici la correspondance], non pas entière, comme s'il ne coûtait rien d'imprimer douze cents pages, et que l'avidité du commun des lecteurs fût proportionnée au zèle des connaisseurs. J'ai dû régler mon choix sur la sagesse des deux familles qui m'en ont confié le soin.
(extrait de la préface de Roger Judrin)
Voir aussi Jean Grenier à Jean Paulhan, Correspondance (1928–1932), Eman
Editeur : Calligrammes