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Blanchot politique - Sur une réflexion jamais interrompue

Maurice Blanchot   

Fabula, Damien Guggenheim, 24 octobre 2020

On le compte parmi les plus illustres : écrivain hors pair, critique littéraire d’une rare sensibilité et d’une influence sans égale, artisan de la déconstruction avant la lettre, penseur de la littérature dans ce qu’elle a de plus exigeant. Et pourtant plane sur l’œuvre un doute ou un soupçon, si ce n’est, selon la rumeur, un blâme ou une faute : les engagements politiques de l’écrivain d’avant-guerre.

Leslie Hill,
Blanchot politique
Sur une réflexion jamais interrompue
Furor, 2020
EAN: 9782940601097
560 p. — Date de parution : 2 novembre 2020.

On le sait : entre 1931 et le mois de juillet 1940, Maurice Blanchot a mené une activité de journaliste politique dans la presse de droite, nationaliste, parfois extrémiste. Ces textes politiques d’avant-guerre, on croit les connaître, mais jusqu’ici, par embarras ou par hostilité bien-pensante, on ne les a quasiment jamais lus. Et l’on a tout autant évité de s’interroger sur le rapport entre l’œuvre du romancier et du critique littéraire et ses engagements politiques ultérieurs, sous l’Occupation, contre la République gaullienne, contre la guerre d’Algérie, contre l’antisémitisme, pour un certain communisme.

C’est à cette tâche pourtant essentielle que s’emploie avec rigueur et pour la première fois ce Blanchot politique. En ressort un portrait plus exact et encore inédit de celui dont Georges Bataille disait qu’il était « bien l’esprit le plus original de son temps ».


Né en 1907, mort en 2003, Maurice Blanchot a traversé presque tout le vingtième siècle. Journaliste, il a assisté entre les deux guerres aux crises successives de la démocratie parlementaire, à la montée du nazisme, aux errements souvent désastreux de la politique étrangère française ; auteur de fictions et écrivain du fragmentaire, il a délié l’écriture de sa soumission à l’Histoire ; critique, il a mis l’accent sur la puissance de contestation de la chose littéraire. Mais Blanchot est aussi, on a tendance à l’oublier ou à vouloir le faire oublier, un penseur rigoureux de la politique, de ses exigences, de ses impasses. Avec Paul Lévy il a combattu l’antisémitisme nazi, et refusé les accords de Munich et l’armistice de Weygand et de Pétain ; avec Xavier de Lignac et Romain Petitot il s’est opposé sous Vichy aux compromissions périlleuses de l’Association Jeune France ; avec Jean Paulhan il a résisté à la mise au pas de la littérature par les forces de l’Occupation ; et avec Dionys Mascolo, Robert Antelme, et Marguerite Duras il a contesté le retour au pouvoir du général de Gaulle et milité en mai 68, jusqu’à la rupture même, au sein du Comité d’action étudiants-écrivains. Décisions qui, dans leur audace et leur obstination, ont à chaque fois affirmé une nouvelle entente de la politique ou du politique. En remettant dans leur contexte historique, sans parti pris idéologique ni prévention polémique, tout le journalisme de Blanchot ainsi que ses romans, ses récits, et ses essais, Blanchot politique renouvelle notre compréhension de l’œuvre. À ceux qui croient le connaître déjà, aussi bien qu’à ceux qui ne le connaissent pas encore, il donne, pour ce vingt-et-unième siècle qui est le nôtre, une nouvelle preuve de l’importance incontournable de la pensée de celui qui signait parfois : Maurice Blanchot.


Leslie Hill est professeur émérite à l’Université de Warwick (GB), et l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la lit­térature française, parmi lesquels Blanchot : Extreme Contemporary (1997) ; Bataille, Klossowski, Blanchot : Writing at the Limit (2001) ; Radical Indecision : Barthes, Blanchot, Derrida, and the Future of Criticism (2010) ; Maurice Blanchot and Fragmentary Writing : A Change of Epoch (2012) ; et Nancy, Blanchot : A Serious Controversy (2018).


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